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Comment relier l'Ain à la Chartreuse et en revenir : le triangle plat 146 km du 17/04/19

Dernière mise à jour : 12 janv. 2021

La trace du vol :


Le replay du vol en 3D :


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Le récit du vol :

Avant-vol :

Une belle journée instable est annoncée, avec cependant des risques de surdéveloppements au coeur des massifs. C'est l'occasion de tenter un triangle plus original, au départ de chez nous, pour montrer que ça vole aussi très bien dans l'Ain... Lou, un pilote du club voisin des Milans du Crêt d'Eau rencontré quelques jours avant lors d'une soirée d'info de notre club, me partage son super plan de vol, qu'il a déjà tenté mais pas encore bouclé, c'est l'occasion d'essayer de le faire à deux. En tous cas, merci beaucoup pour le partage ! Rdv pris avec lui, direction le Grand Colombier, avec pour objectif un aller / retour vers Bellegarde en faces Est du plateau du Retord, puis refaire un plein sur le Grand Colombier pour transiter plein Sud avec l'espoir de rejoindre Aiguebelette puis retour. Le matin-même, la prévi annonce un peu plus de Sud que prévu, ce qui diminue nos chances mais pas notre mental qui est gonflé à bloc !! On s'échange quelques précisions sur les TMA et CTR de notre route, en focalisant sur le fait de bien contourner par l'Ouest la CTR de Chambéry qui coupe la combe entre la Dent du Chat et le Mont de la Charvaz, ce qui constitue un point dur du vol. On se dit à ce moment là que vu les plafonds annoncés, un bon plein autour de 1700-1800 m à l'aller comme au retour nous permettrait de passer au-dessus de la CTR : ce que j'ai fait au retour.

Des thermiques servis sur un plateau...

11h au décollage, la face Est donne déjà bien et de jolis cums forment juste devant nous ! Go ! Nous cheminons vers le Nord avec Lou qui vole en Cure, nous avons donc des voiles aux performances similaires et semblons voler à peu près au même rythme, ce qui est de bonne augure pour parvenir à rester en équipe (oui j'en ai un peu marre de crosser tout seul ! nous pratiquons un sport individuel mais la joie d'un joli cross bouclé est quand même décuplée quand il l'est à plusieurs, et on progresse autant lors des débriefs que pendant le vol...). Malheureusement je suis un gros boulet et batterie de radio HS après 15 minutes de vol... nous nous perdons de vue après avoir tourné la première balise vers Bellegarde que je passe avant, et il m'est difficile de me mettre en attente car les faces Est du Retord sont aussi piégeuses que celles de la Chartreuse peuvent être généreuses (et ouais ça rime...). Des pentes douces et boisées, des plateaux intermédiaires, 2 lignes HT à passer en Fosbury, beaucoup d'ombre...cette branche est franchement très technique. Il faut régulièrement s'écarter en plaine pour y retrouver un petit thermique, s'appliquer, être patient là où ça zérote en attendant le cycle... au final il s'avère que nous réaliserons à peu près le même vol avec 15-20 minutes d'écart...dommage ! Petit à petit le cheminement du retour se fait entre 1000 et 1400m. Il faut en permanence optimiser au relief, tout en gardant assez de marge pour passer les plateaux et s'écarter en plaine au cas où ça plombe. A ce petit jeu j'arrive à revenir sous le déco, pour y trouver enfin un thermique généreux. Je le quitte à 1680 m car encore sous la TMA3 de Genève. Puis un magnifique cum m'attend sur la face Sud du Grand Colombier, hors TMA, plafond 2300 m, du soleil devant, on respire enfin ! Premier enseignement, plus de 2h30 pour faire 50 km, ce vol sera plutôt autour de 20km/h de vitesse moyenne sur trajectoire... on allume la calculette... décollage 11h30, ça laisse environ 7 heures volables à cette saison, x20 = environ 140km en triangle plat, voilà l'objectif du jour bien affiné (ça, c'est la technique qui me permet de ne pas être trop gourmand en choisissant le moment opportun pour faire demi-tour à la deuxième balise)... d'autant que je fais face à 10 km/h de Sud, ce qui ne m'arrange guère !

De l'Ain à l'Isère, c'est la misère

Transition sur Chanaz, on constate les dégâts : raccrochage à 450m, 1850 m consommés pour parcourir 7,5 km, petite règle de trois : bah ça fait finesse 4 ! Certes au début la trajectoire n'est pas optimisée mais va aligner 3 points dont toi, debout dans ton cocon, tout en pissant dans une bouteille de lait d'une main et en mangeant un balisto de l'autre... au moins c'est fait, mon système interne retrouve 3 heures d'autonomie (et je précise aux habitants de Culoz que j'ai attendu de passer au-dessus du Rhône pour vider ladite bouteille...). Malgré ces 20 minutes passées à un taux de chute aussi démoralisant qu'une soirée devant BFMTV, je vais pouvoir raccrocher les petits reliefs sur Chanaz. Oui mais voilà je ne connais pas le coin, et la sempiternelle question : faces Est ou Ouest. Et vu mon altitude de raccrochage, je n'aurai qu'une seule chance, pas de marge pour faire le tour du propriétaire. Première idée : il est 14h30, face Ouest ! Mais je me laisse perturber par le vent météo qui est plutôt Sud-Est, et comme sur le Retord c'était encore la face Est qui donnait, je bifurque légèrement à gauche pour viser la face côté lac du Bourget (ce qui aurait pu être la pire décision du jour !). Heureusement en route je croise un mini thermique, dans lequel je zérote 3 tours, et verdict : la dérive est bien Ouest... re-changement de cap et retour à l'idée de base : face Ouest ! Bah oui t'aurais pu y penser, tes instruments indiquent du Sud-Est au-dessus, intégré sur les dernières minutes de vol, mais en basse couche c'est déjà bien le régime de brises qui est en place... c'est la première fois que j'utilise un thermique non pas pour monter, mais pour choper l'info sur la dérive, pratique ! Vz : O m/s. Points d'expérience : +10.

Cap sur Aiguebelette

Les minutes suivantes ne font que confirmer que je suis du bon côté de la colline, ça monte franchement bien en thermodynamique, je me laisse glisser le long du relief qui s'élève vers le Sud, jusqu'à en trouver un bien fort qui m'amène à 1100m, puis un deuxième sur Jongieux jusqu'à 1800m, lac d'Aiguebelette en vue ! Je suis face au vent donc je préfère contourner la CTR par l'Ouest, de peur de la mordre si je me retrouve trop bas en fin de transition si j'étais passé plus près des reliefs. Et après y'en a qui me demandent : mais tu t'ennuies pas pendant 7 heures en l'air ?? Bah en fait c'est en écrivant le récit du vol que je me rends compte à quel point mon cerveau bouillonne pendant le vol... donc la réponse est non, je vois pas le temps passer !! Le cross, c'est franchement de l'analyse permanente de tout ce qui t'entoure, des prises de décision, des confirmations / infirmations quasi-immédiates de tes choix, bref je passe par tous les états... ce qui dans le même temps, répond sûrement aussi à la question : pourquoi tu aimes ça ? ;-) Bref revenons à nos moutono-cumulus, qui forment une belle ligne jusqu'au grille pain d'Aiguebelette. Toujours 20 km/h de moyenne, toujours objectif 140km, j'en avais fait 50 le matin, il en restait donc 90 aller / retour vers le Sud, 90/2 = 45, 50+45 =95, allez promis juré quand mon GPS m'indique 95km volés je fais demi-tour !


Nostalgie et rappel à l'ordre

Le mental est rechargé quand j'arrive au-dessus du signal du Mont du Chat, ça me rappelle les vols qu'on venait faire avec Nico il y a 5 ans avec nos Hook 2 et Alpha 5... je connais très bien cette portion du vol, ça permet de reposer un peu le cerveau, laisser l'analyse de côté, se laisser glisser, se détendre un peu, ça tombe bien c'est joli par ici... un peu trop de détente, sortie de bulle accéléré 50%, frontale massive ! Ma première en 40 heures sous la Spice... je relâche de suite l'accélérateur et applique du frein juste au contact. Elle réouvre instantanément mais tiens donc, c'est jour de mariage aujourd'hui ? Voilà qu'elle a mis sa jolie cravate... bizarre pour un mercredi, me dis-je... Non je déconne ! j'ai un tiers d'aile fermé et le vario qui chante l'incantation des situations mal engagées, je ne me dis pas du tout ça ! Je me dis plutôt : pense à tes SIV ! (au passage merci David Eyraut, les 500 euros que je dépense une fois tous les deux ans restent à ce jour les meilleurs investissements de ma vie) ! Elle commence immédiatement à amorcer l'autorotation sur la gauche, que je contre fermement sellette + commande à droite, cap à l'Ouest pour m'écarter du relief, et on commence à tirer tour à tour sur les suspentes qui semblent emmêlées : pompage au frein inefficace, avants (grande oreille) inefficaces car tout mous, suspente de stab pas terrible mais au moins je sens de la tension dedans, je vérifie ma hauteur sol et commence à envisager un décro / marche arrière, mais avant je réessaye un dernier coup plus brusquement sur la suspente de stab et elle décravate en grande partie, le bout d'aile qui restait coincé réouvre en pompant au frein. Cet incident de vol a lieu à 13h40 UTC sur la trace, on voit qu'au final la petite blague m'aura fait perdre 200m (cause fermeture + zone de dégueulante) mais le moral n'est pas attaqué, plutôt le sentiment d'avoir bien géré la situation.


Savoir attaquer le retour

Je file à présent vers les grilles-pains, puis un joli cumulus forme 3 km plus au Sud en direction de la Chartreuse, sur la face Sud au-dessus de Saint-Christophe. 97 km au compteur, j'avais dit 95 max donc c'est à peu près respecté, et ce joli nuage me remonte à 2000 m, ce qui me permet d'attaquer le retour serein. Je savais qu'au-delà, avec les plafonds qui vont redescendre, c'était risquer de passer trop tard un point dur au retour et donc de ne pas boucler. C'est toujours une décision délicate à prendre, car une fois posé on se dit "j'aurais peut-être pu étendre un peu le triangle..." mais qui sait ? personne... alors mieux vaut se fixer une certaine rigueur et boucler ses vols, c'est plus propre et ça marque plus de points à la CFD ;-). Au retour rien à signaler jusqu'à la Dent du Chat, à part que la tendance est plutôt Nord à présent...décidément, j'aurais eu l'impression de faire tout le vol face au vent ! L'instabilité et le croisement de beaucoup de petits pétards pas établis participent sûrement à ce désagrément : la voile butte souvent dedans, cabre, ralentit, reprend de la vitesse... bref jamais vraiment de phases de glide de plusieurs minutes au-dessus de 40km/h, mais dans l'ensemble j'ai quand même volé plus vite que ce matin depuis que je suis en faces Ouest, la moyenne est à présent autour de 22 km/h.

Survoler le Bourget c'est pas tous les jours !

Un joli plein à 2200 m me fait prendre la décision de passer au-dessus de la CTR de Chambéry sur la combe, de refaire un plein intermédiaire de 1500 à 1800, puis de la couper légèrement au niveau de l'abbaye d'Hautecombe. Là ça fait quand même bizarre de passer au-dessus d'"assez gros" avions en approche (pas vu d'avion de ligne, plutôt des jets). Concentration maximale en cette zone encore inconnue pour moi, survol du lac du Bourget, excitation des premières fois ! Raccrochage des faces Ouest au niveau du décollage du Sappenay, que je découvre par la même occasion, c'est joli aussi par ici ! Un air chaud et doux me porte de nouveau, je réalise que les parties difficiles du vol sont derrière moi, je peux me détendre et profiter de la superbe lumière du soir sur le lac du Bourget qui me la reflète comme un miroir, et sur le Rhône dont les 2 bras revêtent ici une robe d'un bleu turquoise polynésien... y'a plus qu'à faire les 10 bornes jusqu'à Anglefort où m'attend sagement le Jumpy (re-merci Lou pour la navette...). Un dernier thermique bien assuré et en avant pour 5 km de glide final, qui bouclera un superbe vol de 146 km en triangle plat, plus technique à réaliser que les classiques dans les Bauges et la Chartreuse, mais finalement assez aisément faisable quand la nature nous offre de telles conditions...

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