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Récit de vols : 3 jours sur un nuage, avec test de la Volt 4

Dernière mise à jour : 12 août 2022

Je vous préviens, article un peu long, y'a facile 15 minutes de lecture...


Commençons par emprunter une photo à Pierrot, ainsi qu'une de ses expressions favorites : on s'en est mis une bonne tranche ! En général, il me sort ça, grand sourire aux lèvres, quand on vient de vivre un vol exceptionnel.

Test de la AirDesign Volt 4


Conscients que ça n'arrive pas tous les jours,

Lucides sur le fait qu'on a (encore) eu du bol,

Respectueux des éléments qu'Eole et Helios, nos dieux, nous ont proposés,

Fiers d'avoir réussi à nous glisser dans l'air,

A nous inviter dans le ciel,

A jouer avec lui, à faire partie de lui (pas Pierrot hein, le ciel).


Et bien les 12, 13 et 14 juillet, je m'en suis mis une sacrée bonne tranche. Alors, faut que j'vous la raconte. Et que je me la raconte aussi. Pas au sens figuré, bien que je rêve humblement de crouler sous vos message de félicitations pour mes vols. Mais bien au sens propre, pour me relire plus tard, car :


Quand je serai bien vieux, au soir, à la chandelle

Assis auprès du feu, dévidant et filant

Dirai lisant ma prose en me remémorant

Romain aimait voler quand il avait des ailes !


Oui c'est un Alexandrin à rimes embrassées, et pour ceux qui n'ont pas la réf à Ronsard et son Sonnet pour Hélène, un peu de culture ici : https://www.etudes-litteraires.com/ronsard-sonnets-pour-helene.php


Chapitre 1 : en pantoufles


Tout commence par la faute de Karol qui s'est encore fait avoir par le marketing (qui il faut le dire, est rondement mené du côté de chez AirDesign). Il me commande une Volt 4, nouvelle génération d'EN-C en 2 lignes, ce qui est pour moi l'occasion de démarrer un partenariat avec leur sympathique équipe pour distribuer la marque par chez nous. De passage à Saint-Hilaire, petit site méconnu du fin fond de la Chartreuse, je récupère une Volt 4 pour 3 jours d'essai.


Ce récit sera entrecoupé de quelques impressions et mesures de la voile, car elle a grandement contribué à la fameuse tranche : ça aura un peu été mon Hélène de ces 3 jours, tant elle m'a fait Sonnet les cloches du plaisir.


Me voici sur le décollage de Chamoux, encore appelé Smoothcat quand on encadre des stages en Anglais (thank you Pierrot, your jeux de mots are quite pas mal). 17h, un peu tard pour s'extraire en thermique mais je m'attends à pouvoir jouer dans la brise sur l'épaule intermédiaire. Je vole une taille S, PTV 80-92, chargée en milieu de fourchette à 86-87 kg, avec mon cocon Supair Delight 3. Et bien comme souvent en parapente, ça ne se passera pas comme sur le plan ! A peine sorti du déco, je renifle un thermique (non je déconne, mon vario bipe, moi je tourne, voilà tout). Je prends un tour de frein sur les poignées rouge vif, dont l'exceptionnel confort fait oublier leur aspect poignée de secours des années 90, j'adore ! (ce sont les poignées de la version light avec élévateurs dyneema que j'essaye). Et là...


Un chouille plus tard, le temps de 30 tours et 1600 mètres de gain, me voilà chat-perché (perched cat) à 2720 mètres ! Bon bah là, je vais avoir du mal à dire qu'Hélène n'est pas intuitive en thermique.


Premier virage sous la Volt 4 : résultat pas trop mal :-D


J'ai tout de suite senti une facilité à imaginer la colonne, sentir ses abords, la noyauter. Un réel plaisir d'utiliser ces infos pour varier les inclinaisons de virage. En comparatif avec ma voile habituelle, l'Omega X Alps 2, je sens que la voile a plus de jus quand je recentre, ça impressionne même un peu, je me demande comment ça va se passer sur les sorties de gros thermiques tant la voile a de l'énergie. Mes vols suivants me montreront qu'en fait tout est très calme, la voile lisse les sorties, l'énergie emmagasinée n'est jamais restituée violemment. Ça peut donc pardonner les sorties de thermique hasardeuses ou une masse d'air un peu chatouilleuse.


Bref je me suis senti à la maison tout de suite, alors puisque c'est comme ça, hop j'enlève les baskets, j'enfile les pantoufles et j'oriente mon canapé sur le cap du Grand Arc !


En transition vers le Grand Arc c'est l'occasion d'essayer l'accélérateur par vent quasi nul, je trouve qu'au premier barreau à 30% l'accélération est franche avec un plané quais identique, puis accéléré à 100% le gain de vitesse est énorme ! ça décoiffe tellement que j'en perds quasiment une pantoufle, faut quand même que je fasse gaffe, j'en ai encore besoin pour mes vieux jours, rapport à un poème de Ronsard, tout ça tout ça...


De retour du Grand Arc, pas vraiment lancé comme une flèche parce qu'il s'agit de remonter la brise, j'en profite pour me familiariser avec les poignées des arrières : tip-taupe confort ! Arrivé au-dessus de l'attéro, je me dois alors de tester ce pourquoi tout pilote de cross rêve de voler en 2 lignes : le contrôle du tangage aux arrières !


J'initie quelques mouvements de tangage dauphin, que je m'entraîne à temporiser aux arrières avant de rendre mon déjeuner à la pacha mama : c'est ultra efficace ! J'essaye la même chose avec la voile accélérée à 100%, en allant chercher l'amplitude max de l'abattée : c'est encore mieux, c'est d'une mollesse délectable ! Je suis impressionnée par la facilité avec laquelle je temporise la voile aux arrières. En regardant Hélène, je me rends compte qu'au moment de la tempo, elle se met légèrement en crevette avec les deux stab' qui dépassent par l'avant, et hop la voile se stabilise sans mouvement pendulaire parasite. Encore plus propre qu'aux freins !


Génial, ces petites poignées d'amour associées au comportement très sein heu pardon très sain de la voile, sont une invitation à mettre les mains dessus et les lâcher le moins possible sur les cheminements du cross de demain.


Ensuite, test des oreilles : RAS, super faciles à tirer, malgré les 2 suspentes qui partent de l'élévateur A ext, taux de chute efficace et la voile reste assez stable en roulis.


Et dernier truc, petite série de wing over pour finir le vol, à première vue la voile est bien plus facile à coordonner que mon OXA2, et j'ai moins besoin de tenir le bout d'aile extérieur. Mais bon c'est pas très significatif, je reste une quiche en wings.


Atterrissage, retrouvailles de Pierrot et d'une joyeuse troupe de volatiles Chambéristes... ce soir c'est barbeuk à Hauteville, et ni de crevettes ni de wings, cette fois c'est de diots qu'il s'agit !


Chapitre 2 : 150 km et un nouveau parapote



Au petit déj' à l'ombre du figuier, on échafaude le plan du jour. Ce sera Montlambert, avec au programme un aller-retour dans les Aravis, où les plafonds s'annoncent beaux à faire pâlir un plâtrier.


Au décollage, nous avons la chance d'assister au briefing, que dis-je, au "one-man-chaud" de Gérald himself, assumant fièrement le short orange comme je peux porter la banane rose. Toujours un grand moment, d'écouter sa passion parler, beaucoup, et de voir son envie de partager les astuces des années, à un auditoire d'au moins une douzaine de pilotes en quête de faire défiler les km de paysages. Quelques infos glanées, notamment au sujet de la ZRT Tour de France, dont l'étape caniculaire du jour part d'Albertville. Et quand les canicules s'emballent, la brise est faiblarde. Ça sent la méga couche d'inversion, mais bon on est les plus expérimentés du déco alors soyons sport, prenons nos responsabilités et fusiblons ! J'enfile ma sellette et décolle sans ambition sur le maillot jaune, mais en espérant bien figurer au classement du meilleur grimpeur.


On a décidé de se mettre en radio sur la fréquence de la "troupe à Gérald", petit détail qui aura son importance par la suite ;-). Pierrot m'emboîte...le pas, et nous voilà à partager 5 minutes de lutte pour nous maintenir à hauteur du déco, et merde, pour une fois ça se passe tout à fait comme sur le plan : c'est pourri ! Mais voilà, à la faveur d'un petit appui dynamique sur la face Nord à droite du déco, je grapille quelques mètres dans mon duel face à la stabilité. Puis je sens la Volt 4 frétiller un peu plus, je décale sur la croupe, et miracle, magie du parapente, que dis-je, énorme coup de moule (oui j'adore les crustacés), la petite clairière déclenche un thermique qui me fait passer la couche ! Les électriciens présents ce jour-là, conteront qu'il aura suffi d'une légère surtension à la Volt pour faire sauter le fusible. 50 mètres au-dessus, tout s'active, tout est plus facile et me voilà au Charvet.


J'attends Pierrot et sa Camino qui pour l'instant mazèguent sous le couvercle de la marmite, l'une rouge de nature, l'autre de chaleur et d'agacement. Un échange radio avec Gérald et la troupe, qui préfèrent attendre un peu avant de décoller pour se faciliter le début de vol, je pense qu'ils ont bien fait car j'ai cru entendre par la suite que tout le monde a fait péter le plaisiromètre !


Bref les éléments en ont décidé ainsi, voilà 15 minutes que j'attends, je suis idéalement placé et il serait bête d'attendre encore, ne péchons pas par excès d'altruisme, il était écrit qu'aujourd'hui, je devais partir seul !

Un dernier coup d'oeil en bas, je sais que Pierrot comprendra, ou me rattrapera. Gaz ! Perché à 2500m à 11h, j'attaque le col du Frêne mains hautes (attention cet enchaînement présente un léger risque de frontale) et contourne la dent d'Arclusaz pour cheminer tout droit sur les faces Est jusqu'à Albertville.


Cette phase du vol représente une super occasion de confirmer ce que j'ai entrevu hier du pilotage aux arrières sous la Volt 4 : c'est absolument génial, je ne touche pas aux freins pendant 20 km, j'avance, laisse voler l'aile à sa guise, temporise aux arrières quand ça s'impose, et joue avec l'accélérateur pour optimiser le cheminement. Pas de doutes, on est bien sous une 2 lignes ! J'ai adoré ces phases de vol sous la Volt 4, car c'est le fait d'avoir confiance et de la laisser faire, qui fait qu'au final la glisse est bonne et la vitesse moyenne excellente. Le plaisir d'accompagner la glisse d'une 2 lignes est bien présent, et les "seulement" 6,5 d'allongement (attention, ça reste une voile qui se pilote) invitent le pilote à s'y essayer encore plus. En comparaison avec les EN-D 2 lignes que j'ai eues ou testées (merci les copains), comme les Zeno, Z-Alps, Klimber 2, Omega X-Alps 3 ou Zeolite GT, c'est plaisir égal mais sérénité augmentée : ça bouge quand même moins.


Oui mais voilà, je ne suis pas d'humeur à courir vite aujourd'hui, en tous cas, pas seul. Je décide de temporiser en allant faire le tour de la Sambuy, parce que y'a pas plus joli coin dans le secteur pour attendre les copains !

Coup de chance, quelqu'un de la troupe me double. Il s'agit d'un certain Maxime, vole en zeolite Gt bleue magnifique, le contact radio est pris, je pousse le barreau pour le rattraper sur la dent de Cons et nous voilà partis pour une sacrée aventure ! On ne se connaît pas mais on va vivre 4 prochaines heures intenses ! Magie des rencontres aériennes, tant de vols tentés en groupe et soldés par un échec car c'est super dur de voler au même rythme, et là, les éléments qui te réunissent pour partager une super tranche de vie.


Comme on fera plusieurs transitions ensemble, je vais profiter de ce récit pour exposer les mesures de plané de nos 2 voiles. Attention ce n'est pas un comparatif pour conclure laquelle est mieux que l'autre, je n'analyse rien, je présente juste des mesures factuelles. En plus, n'oublions pas qu'on ne compare jamais exactement dans le même cadre, puisque deux lignes décalées de 30 mètres peuvent être très différentes, ou une ligne qui suit l'autre à 10 secondes d'écart peut également traverser une masse d'air complètement changée. Mais bon je trouve ça intéressant quand même, alors voyons la première transition :


Dent de Cons -> Charvin, distance 7 km, pas de vent, accéléré 30%

Maxime (Zeolite)

Romain (Volt 4)

Altitude départ

2380

2380

Altitude raccroche

1650

1620

H consommée

730

760

Nous voilà dans les Aravis, qui nous accueillent avec un net changement de masse d'air : le thermique du Charvin me rappelle aux joies d'un printemps sec comme le terrain de pétanque du camping de Gex, au cas où on l'aurait oublié. Hélène se met à Sonnet l'alerte (oui je sais, comique de répétition) en se dandinant dans de petits mouvements d'accordéon, mais j'apprécie bien cette valse car les bouts d'ailes ne flappent même pas : elle n'a pas l'oreille musicale. Elle me transmet des infos précieuses à préciser mon placement : c'est pas vraiment le coin pour être approximatif et se retrouver sur les bords du geyser, mieux vaut rester bien positionné au milieu. Le thermique suivant, après le col des Aravais en face Sud, me retrousse le slip ! Spectacle qu'Hélène a l'air d'apprécier, elle ne ferme pas les yeux, tant mieux. Extraction assez crado au début avec une forte composante de brise, 2 tours ovalisés avec des petites portions sympa à 0 km/h face au Sud, le tout à 20m au-dessus du pierrier, puis le thermique redresse bien vertical et hop on se fait la malle ! A part ces 2 bouchons de champagne, tous les autres thermiques du vol étaient fréquentables : drapeau vert comme dirait Lou, maître-nageur à la piscine de Samoëns.


Les cumulus sont maintenant omniprésents, bien soudés sur la longueur de la chaîne, ils commencent à étaler, et aujourd'hui leur base ne matérialise pas le sommet de l'ascendance : tel le passage du bus scolaire à l'arrêt Gex centre : tout le monde monte dedans ! Alors avant la Pointe Percée, on se décale à l'Est en bordure du nuage pour éviter de se faire aspirer. Après 5 minutes à jouer à cache-barbule avec mon acolyte du jour, nous voilà perchés à 2800m et idéalement placés côté Sallanches, on lance la transition sur Varan !


Moment spécial pour moi car je ne l'avais jamais faite. Je connais juste le secteur de raccrochage car j'ai volé en local à Passy, à l'automne dernier en compagnie de Magic Polo, un ami ayant fait fortune dans le cinéma pour adultes, et résident fiscal du secteur.


Ce sont de petits instants, dans le cross, que j'apprécie particulièrement. Une phase d'inconnu, de nouveauté, d'excitation. Perdu quelques minutes ou quelques heures, puis reconnaître au moins une montagne à la présence rassurante. Retrouver un repère, puis deux, puis tous. Se laisser envelopper par la douce joie du reconnu, comme son propre foyer. Suspendu dans ma sellette tel la vigie dans sa hune, qui était chargé de surveiller l'horizon, conditionnant le cap du navire à la pertinence de sa vision.


Allez arrête un peu ta rêverie, voilà les stats de la transition :


Aravis -> Aiguille de Varan, distance 10 km, non accéléré, trajectoires non optimisées, on pisse, on mange...

Maxime (Zéolite)

Romain (Volt 4)

Altitude départ

2958

2894

Altitude raccroche

1950

1782

H consommée

1008

1112

Après une raccroche poussive sur les alpages Sud de Varan, Maxime en a marre de faire du tourisme et s'en va nous trouver la porte de sortie en faces Est. Magnifique boulet de canon, le voyant catapulté comme quand je joue à Angry Birds dans la salle d'attente du dentiste, je bondis sous ses plumes et très vite c'est le désert de Platé dans son entièreté qui se dévoile sous nos pieds.


Désert de Platé


On discute en radio du chemin du retour, soit classique par les Aravis, soit un peu plus technique par les Contamines et le Beaufortain, itinéraire qu'on ne connaît pas...

"- Je te préviens, j'y suis jamais allé

- Moi non plus, ça pue comme plan

- C'est vrai... on y va alors ?

- Ouais grave, c'est parti ! "


Un échange radio avec Gérald pour lui demander son avis sur le plan, il nous offre la meilleure des réponses à entendre sur le moment : "j'ai rien à vous dire, faites-vous confiance, vous volez bien aujourd'hui !".


Petite séance photo et vidéo avec le Mont-Blanc en toile de fond, qui paraît bien zoomé par rapport à la vue qu'on en a depuis Vesancy...


Maxime de dos et de profil :-)



Un tour de thermique au-dessus de Platé


Et c'est parti pour le Brévent !



On tourne une balise au Brévent et on attaque la transition vers les Houches en visant sur la gauche du Prarion une jolie pyramide herbeuse qui s'appelle le Mont Lachat (encore un), en espérant que la masse d'air du retour nous porte aussi haut que notre enthousiasme. Ce sera notre dernière transition ensemble car après on prendra 2 options différentes...


Brévent -> Mont Lachat, distance 4 km, vent travers face 10-15 km/h, accéléré 50%

Maxime (Zéolite)

Romain (Volt 4)

Altitude départ

2659

2558

Altitude raccroche

1990

1903

H consommée

669

655

La raccroche est timide, ça zérote. Maxime décide d'avancer, il s'enquille assez bas dans le petite vallée de Bionassay. Le plan ne m'attire pas trop, je reste à mazéguer là, le temps de réfléchir à mon avenir proche, et de finir le comptage des marmottes du col de Lachat. Coup de bol, 3 ou 4 minutes après, un super cycle redémarre et je m'extrais illico-ptère pour poursuivre ma route sur le Mont Vorassay, pile à l'heure du Goûter (blague d'alpiniste j'imagine), en surveillant bien sur ma gauche à ne pas entrer dans la zone interdite, réservée aux hélico-presto pour le secours d'éventuels alpinistes s'étant retrouvés en situation de ne pas faire une blague.


Maxime mettra du temps à ressortir de la basse couche, pour ma part je soigne un plafond royal et lance la traversée sur les Contamines, en joie, pour raccrocher au vent du Mont Joly par son épaule Nord, qui marche super bien en appui dynamique.

Me voilà alors sur la route de Beaufort, que je rêvais d'avaler depuis pas mal d'années, ce que je n'avais jusqu'alors fait que sous forme de pâte pressée cuite. Je fais un quasi tout droit jusqu'aux Saisies, essayant de rester haut, naviguant au gré des cumulus qui se font et se défont devant moi.


Nouvelle réjouissance, des news de Pierrot en radio ! Après son début de vol difficile de ce matin, il a fait preuve d'un gros mental, fait demi-tour dans les Aravis et mis le cap sur les Saisies pour converger sur mon trajet du retour. Brillante idée et timing parfait, je le retrouve dans le thermique aux Saisies et on lance les chevaux sur le Mirantin, Roche Pourrie et l'Ebaudiaz.


Petite anecdote pour la suite, en arrivant sur l'Ebaudiaz, j'entends pour la 3ème fois de ce vol comme un bruit de tronçonneuse qui travaille dans les bois, ou d'engin de chantier... je cherche sous mes pieds mais ne voit rien, je commence à me dire que tous les bûcherons sont de sortie aujourd'hui, coïncidence de mes heures de passage ? Le dénouement au récit du vol de demain :-D


Voici une petit vidéo du cheminement le long des pentes de l'Ebaudiaz, en appui dynamique mais avec une composante face à la brise.


Pentes de l'Ebaudiaz, cheminement aux arrières, face brise


J'insiste sur ce passage car ce sont des phases de vol sur lesquelles je trouve la Volt 4 particulièrement efficace : je la laisse filer tout en l'accompagnant aux arrières, pour déformer le moins possible le bord de fuite, ce que j'arrive à faire facilement tant elle me met en confiance pour ne pas toucher aux freins. Le résultat est bluffant, la remontée au vent est vraiment performante, je pense qu'elle a de quoi ravir les pilotes comme moi, qui cherchent une machine en 2 lignes qui avance fort, tout en étant plus serein que sous une voile de 7 d'allongement, en prévision des quelques passages turbulents que l'on expérimente à peu près à chaque cross et qui seront plus confortables à négocier sous la Volt 4.


A la faveur de cette glisse, je distance Pierrot et me retrouve en tête au Grand Arc. Perché, je fonce sur le décollage de Chamoux et suis en finesse de l'atterrissage de Montlambert pour boucler un joli triangle de 150 km. Dans un élan d'optimisme, je tente de pousser au Sud pour agrandir le triangle jusque Bramefarine, mais je n'arrive pas à raccrocher les tours de Montmayeur par l'Ouest : je vache à la ferme de Villard d'Héry, le chien aboie, la chèvre rit.... bien accueilli par le propriétaire, je vous conseille ses crottins !


Dans mon dos, Pierrot et Maxime rejoignent l'attéro officiel sur un superbe glide final, et je les rejoins en stop.


La journée du lendemain s'annonce exceptionnelle, à peine le temps de refaire le match qu'on fait déjà les plans sur la comète autour d'une bonne plâtrée de pâtes chez Pierrot. Et oui, du pur plaisir livré sur un plateau, alors forcément, j'en redemande !



Chapitre 3 : 245 km, record perso et sacré vol en essaim !


Il est 22h, Pierrot me dit que demain une sacrée bande de copains, "Les Motivés" comme ils s'auto-appellent dans le milieu des plumes en polyamide, ont 2 places dans leurs navettes depuis Chambé pour aller décoller du Serpaton, dans le Vercors. A première vue le plan ne m'arrange pas car je bosse le jour d'après, je préfère un vol qui boucle dans les environs de Chambéry, car ça ne m'arrange vraiment pas de devoir faire la route Vercors -> Gex tard le soir. Mais l'aubaine est trop belle, quasiment autant que la dream team du jour composée de Yanis, Fabien, Fred, Hervé, Cédric et Raoul. Que des pilotes que j'avais rencontrés en diverses occasions et que j'apprécie bien, mais jamais vraiment volé ensemble. Perso, j'avais pas vu une compo comme ça depuis la Roja 2010 de Xavi et Iniesta... n'oublions pas que le parapente, c'est avoir un plan et être prêt à en changer !


Quelques réglages au décollage : je raccourcis un peu l'accélérateur pour le calibrer à environ 30% de la course au premier barreau, qui m'a semblé être un régime de vol assez performant hier sous la Volt 4. Je raccourcis également les freins d'environ 3 cm, car je trouvais un chouille trop de débattement (oups j'ai oublié de prévenir AirDesign en leur rendant la voile, très très con, désolé, je me suis rattrapé 2 semaines plus tard quand je m'en suis souvenu). Pour un pilote venant d'une B+ ou d'une autre C, je pense que le réglage constructeur est très bien, mais pour un pilote comme moi venant d'une D et habitué à voler avec peu de débattement, je me suis senti mieux aujourd'hui, plus au contact de la voile en thermique.

A vous de voir, faites attention sur ces réglages, à vérifier que vous pouvez toujours accélérer à 100% sans que ça mette de filet de frein, sinon ça peut casser le profil réflex et gare à la méchante frontale...


Décollage vers 11h, toujours une formalité sous Hélène, tant elle est docile. L'activité thermique est déjà bien en place, on fait une pointe au Sud avec Pierrot qui nous Aiguille vers le Mont du même nom, en attendant que Les Motivés se mettent en l'air. A ce moment-là, aucun d'entre nous ne présage qu'on va tous battre nos records perso de distance aujourd'hui...

Le Mont Aiguille


Une super journée vient de démarrer, tout le monde s'extrait, on vole en groupe, tout en faisant les choses chacun à son rythme, constituant plusieurs binômes. Dès le début du vol c'est Yanis qui donne le tempo en attaquant en tête la ruée vers les Deux Soeurs, je suis impressionné par sa vitesse et son engagement sous sa belle MacPara, ci-dessous en photo. Juste après c'est Raoul sous son Explorer 2 qui attaquera la haute-chaîne du Vercors en tête, visiblement les Motivés sont bien Réveillés, c'est génial ça me motive à voler vite, alors je prends les devants et gaaaaaaaazzzzz tout droit jusqu'au Moucherotte.

Yanis en direction des Deux Soeurs


On tire le frein à main en arrivant au Moucherotte, ici il s'agit de soigner le plafond, on a tout de même l'agglomération grenobloise à traverser... ce survol est toujours impressionnant, en fait à ma connaissance c'est la plus grosse ville française qu'on ait le droit de traverser, grâce au fait qu'elle soit dépourvue d'un aéroport proche...

Vue aérienne de Grenoble


La raccroche au Rachais présente toujours son petit moment de doute : on arrive en général assez bas, c'est tout urbanisé en dessous, les zones de déclenchement thermique varient et je ne comprends jamais vraiment où est leur collecteur, bref on se croirait presque dans le Jura ! c'est un petit moment d'apnée avant de retrouver enfin du bon gros caillou comme on l'aime au fort du Saint-Eynard. Une nouvelle occasion de taquiner les arrières, pour un joli tout droit jusqu'au Granier, sans même besoin de se mettre un thermique sous la Dent ! La vitesse moyenne avoisine les 30 km/h après 2h30 heures de vol, trop bien, ça a démarré fort et je réalise que la journée est complètement exceptionnelle : pour résumer, mer calme à peu agitée, des ascendances partout, et pas de vent météo...


Quoiqu'un peu d'Ouest quand même, 15 km/h à 2500 m, bien illustré par la dérive sur la capture d'écran ci-après, qui nous fait prendre la décision avec Pierrot de repasser en face Ouest du Granier.


Cas illustré d'un thermique qui déclenche en face Est, mais dérivé en Ouest par le vent météo


Petit moment de doute au moment de traverser le plateau, la remontée face au vent est pénible et la zone de dégueulant est large, angle de plané d'un chapon de Noël qui essayerait de faire du vol de distance. La grande réserve de vitesse de la Volt 4 accélérée à 100% fut bien pratique pour se casser de là au plus vite, même si forcément le taux de chute dégrade aussi. Et alors une fois sur la face Ouest, comment est votre blanquette ? Elle est...bonne ! On soigne un joli plafond à 2500m et on se carapate vers les Bauges avant de mettre un cheveu d'Hélène dans la TMA 11 de Lyon qui ici est à 9500 ft, soit environ 2800m max.


Je suis sur le point de vivre la plus belle savoyarde de ma vie : un plané ahurissant à 16 de finesse, 700 mètres consommés pour parcourir 11,2 km, poussés par un fond de Nord-Ouest pour un glide à quasi 60 km/h bras hauts. On raccroche les Bauges tellement haut que même pas besoin de faire un stop à la Croix de Chignin, on passe sur la Sauge directement. Petite capture d'écran car celle-là, je ne la revivrai jamais, c'est sûr :


Transition Chartreuse -> Bauges en 10 minutes et à 16 de finesse


La suite nous réserve un gros moment de doute, ne nous emballons pas, ça reste du cross et les ascenseurs sont tout autant émotionnels que thermiques... Le pic de la Sauge ne fonctionne pas du tout, il est un peu trop tôt pour la face Ouest, on se retrouve sous la ligne de crête et on ne trouve rien. J'essaye d'avancer vers la Galoppaz mais suis maintenant contré par la brise, l'aérologie est inconfortable. Demi-tour, je rejoins la face Sud au-dessus de Pierrot qui est déjà en train de batailler 50m plus bas, mais voyant qu'il ne ressort pas franchement, je décide en 3 secondes de changer de stratégie : profitant d'être encore assez haut pour faire le tour de la montagne, je mets le cap sur le décollage de Montlambert pour tenter de ressortir par les faces Est des Bauges car il est encore assez tôt, en sachant que j'aurai sûrement un mauvais passage sous le vent en chemin. Certes le passage est vraiment mauvais mais de courte durée et pas si désagréable sous Hélène, puis par chance je tope un gros thermique sous le vent, qui me met très très bien pour la suite du vol. A la faveur de 2 autres thermiques puissants, je passe par le Charvet avant de rejoindre le Colombier par sa croupe Sud, que je raccroche plus haut que tout le groupe arrivant à la Savoyarde 5 minutes après nous, ce qui me fait creuser un peu plus l'écart. L'option sous le vent à la Sauge était quand même un peu engagée, je ne l'aurais pas tentée tous les jours, apparemment je vole en confiance aujourd'hui.

Satellisé au Colombier


En tous cas me voilà approchant du milieu du vol, il va falloir décider quand faire demi-tour pour assurer le retour, car oui, malgré le fait d'avoir laissé mon camion à Chambéry, la journée est trop belle pour ne pas tenter un joli bouclage du triangle dans le Vercors ! Tant pis pour les heures de route ce soir, je dormirai la semaine prochaine... On démarre la calculette, voyant qu'on est sur un triangle d'au moins 220 km, je me dis qu'il va me rester 110 km pour rentrer, soit 4 à 5 heures de vol en prenant de la marge, et j'aimerais être à Chamrousse pas trop tard pour bénéficier d'un dernier gros plafond et avoir un max de gaz avant de tenter le glide final sur Monestier. C'est décidé, je dois faire demi-tour à 15h maxi ! Je passe le Roc des Boeufs à 14h45, donc je décide de pousser jusqu'aux dents de Lanfon, ce qui présente l'avantage de transiter 2 fois au-dessus du lac d'Annecy : des km faciles dans une mer d'huile, pour refaire les niveaux du pilote : vidange, hydratation, un bout de sandwich et une carotte (oui, j'emmène toujours une carotte en cross !). Je me promets de ne pas tenter le diable jusqu'au Parmelan, ça va déjà faire un triangle de 240 km, allons-y par étapes, le mieux est l'ennemi du très très bien.


Survol du lac d'Annecy


Et au fait, c'est le moment d'annoncer le dénouement des bruits de tronçonneuse du chapitre 2 ! C'est au-dessus du lac que je comprends enfin quelque chose : j'entends de nouveau ces bruits de chantier, qui cette fois-ci j'en suis sûr, ne proviennent pas de sous mes pieds... Mais alors, d'où ça vient ? Je regarde la voile, et je découvre le pot-aux-roses : Hélène pète ! Cette voile lâche des caisses ! Comme ça en toute impunité, elle ose, nature peinture, alors que notre relation est quand même très récente... par petits moments elle vibre assez fort en émettant ce son de tronçonneuse, j'imagine en fonction des variations de vent relatif et du régime de vol accéléré. Je suis content d'avoir enfin percé le mystère, et au final, ça m'amuse assez de l'entendre vibrer. Peut-être qu'en la volant plus, je finirai par comprendre exactement dans quels cas elle fait ça, ce qui pourrait même me donner des infos supplémentaires sur la masse d'air ?


Le reste de la troupe des Motivés a fait demi-tour au Roc des Boeufs, je me retrouve donc en chasse, ultra excité de les rattraper pour partager la fin du vol. Changement d'usure mentale également, car contrairement à la première moitié du vol où je défrichais la masse d'air et donnais régulièrement des infos en radio au groupe, c'est à présent moi qui bénéficie de leurs précieuses interventions : lieux de déclenchement des gros thermiques, plafonds atteints, lignes qui portent mieux que d'autres... concentré sur mon pilotage, j'ai ces infos qui tombent en permanence dans mon oreille et ça me met en facilité pour anticiper sytématiquement les 15 prochaines minutes de vol.


Un thermique incroyable en faces ouest de l'Arclusaz me propulse à 3450 mètres avec 5 planeurs (même pas de surprise, on me l'avait annoncé :-D), et grâce à la dernière info royale d'Hervé et Yanis qui ont pris 2 lignes différentes au-dessus de l'Isère, je prends la meilleure option bien décalé côté droit dans un premier temps puis oblique à gauche au niveau du lac, incroyable transition directe Arclusaz -> Bramefarine, où je recolle la joyeuse troupe.


On s'extrait en équipe avec Raoul et Hervé sur le Saint-Genix, et la suite du vol va me réserver un privilège assez rare : le ciel bleu et les plafonds à 3500m vont m'offrir le survol de la Chaine de Belledonne par les sommets, sur lesquels je n'avais jamais eu la chance de pouvoir me laisser décaler, car tous mes passages dans le coin l'ont été dans des conditions beaucoup plus nuageuses donc plutôt par les avants-reliefs.


C'est juste magique, le changement d'ambiance est total, la joie d'avoir retrouvé les copains est mêlée à une forme de silence, d'impressionement, de respect face à cet amas de cailloux noirs, face à cette multitude de pointes acérées que je n'aurai jamais les compétences d'atteindre à pieds. Je suis Frodon Sacquet aux portes du Mordor. Heureusement mon Sam Gamgie est là en la personne de Pierrot, à qui on doit cette jolie photo :

L'arrivée sur Belledonne


Une partie du vol que je n'oublierai jamais, je joue à me laisser décaler sur les plus hautes pointes, découvrant des petites vallées derrière, encaissées à l'extrême. Dès que ma hauteur est suffisante, je m'amuse à me glisser profond dans les combes, pour aller y chercher l'appui dynamique Je suis à 3000 et me retrouve devant de petits cols rocailleux, que je passe soit par la gauche en restant collé au caillou, soit en m'écartant sur la droite si besoin de retrouver un peu de hauteur-sol. A chaque combe, c'est un nouveau lac qui se découvre, je suis un éclaireur du ciel. Pas un randonneur, pas un grimpeur. Un océan minéral et moi, minuscule. C'était trop bon, j'ai envie d'y retourner, voici 2 photos souvenirs...



Pendant tout ce trajet, je suis tellement ébahi par les éléments que je pilote un peu en automatique, complètement détendu. La Volt ne monte pas en tension, elle saute de crête à crête, décrivant sa belle trajectoire sinusoïdale. Grâce à elle, je n'Ampère pas une miette !


Il faut quand même que je vous passe une petite vidéo, d'un moment capturé en radio, pour montrer à quel point c'est drôle de voler entre copains. On se partage des infos, certes, mais aussi nos émotions, et pas mal de conneries. Ce jour, j'ai découvert que Yanis avait eu une précédente vie d'animateur radio. Rencontrant depuis au moins 2 heures des problèmes de logistique pour pisser, voilà à peu près dans quel état il était :



Et un petit moment de tranquillité à bord d'Hélène, pour montrer comment c'est quand on est Sur Un Nuage


Pile à l'heure à Chamrousse pour y bénéficier d'un dernier joli plafond à 2700m, ce qui nous met très très bien pour lancer une interminable glissade de 30 minutes pour rejoindre la vallée de l'autoroute du Trièves, avec pour décor l'immense mur noir des faces Est du Vercors à l'ombre. Les lumières sur le lac de Monteynard avec le Dévoluy au fond sont magiques. Le Mont Aiguille donne le cap aux pilotes, qui commencent à secrètement chatouiller l'espoir de boucler le triangle. Un dernier thermique trouvé à 950 m sur les petites faces Ouest encore ensoleillées, et c'est gagné : nous voilà en finesse de Monestier !


Petite séance photos avec Pierrot :

Le Senépi et le lac de Monteynard

Pierrot en Camino vers le Monto Aiguillo

Pierrot aligne le glide final sur le viaduc du Trièves (on atterrit ici, littéralement au pied des piles du pont)


Et voilà le mot de la fin : un glide final magique, en guise de dessert de ce vol. En tous cas, depuis notre premier virage avant-hier, 3 jours pendant lesquels on s'est bien fendu la poire, belle Hélène.


Chapitre 4 ? : pas le temps d'écrire le récit, mais...


10 jours plus tard, Karol recevait sa Volt 4 en XXS. On a été passer le weekend à Interlaken pour qu'il la prenne en mains, et figurez-vous qu'on a remis ça ! 240 km en triangle, et le premier 200 km pour lui. Et vous savez quoi ? Dès le décollage, les bouquetins en étaient déjà ébahis ! (photo sans trucage) :








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